Partage d'expérience de la Ferme Légère : Autonomie

Construire une boisinière qui dure

Cet article a été initialement rédigé pour le n° 82 de la revue Passerelle-éco. Il est publié ici avec l'autorisation de la revue et avec quelques mises à jour.

Passerelle-éco

A la Ferme Légère, nous cuisinons au bois et au soleil depuis plusieurs années. Sous notre climat océanique du Béarn (doux, arrosé et ensoleillé) nous faisons environ 25 % des cuissons sur notre parabole solaire et 75 % au bois sur nos boisinières extérieures ou notre poêle dragon (rocket stove).

Parabole, boisinières et poêle dragon

Il existe de nombreux tutos pour fabriquer des cuiseurs à bois économes. Dans celui-ci je vais développer des aspects qui passent souvent à la trappe : la théorie sous-jacente, la durabilité du cuiseur et l’ergonomie au quotidien.

Dans l’article Faire son bois de chauffage article j’ai évoqué l’importance de bien brûler son bois, c’est à dire d’avoir un bon rendement de combustion : obtenir le plus de chaleur possible avec une quantité de bois donnée.

Même si nous avons une ressource en bois assez importante, il reste important d’être efficace sur la combustion pour :

Théorie

Avec nos cuiseurs à bois économe, que nous appelons « boisinière », nous essayons de concilier plusieurs objectifs :

Le bon rendement c’est brûler du bois sec à haute température (entre 900 et 1000°C), donc dans un foyer qui permet et résiste à de telles températures. Pour atteindre ces températures, il faut ne pas prendre la chaleur au niveau du foyer mais au contraire empêcher cette chaleur de sortir. Nous allons donc isoler le foyer et prendre la chaleur plus loin, au niveau des fumées. L’isolant doit donc être lui aussi résistant à 1000°C donc on oubli la laine bois. Je listerais quelques isolants possibles dans la partie construction.

Le bon rendement c’est aussi utiliser le cuiseur à son régime optimal, donc il faut bien le dimensionner pour qu’il ne soit pas en sous ou sur-régime.

Un bon indicateur de combustion correcte est la couleur des fumées :

Une fois la chaleur produite, il faut en transférer la plus grande part possible vers l’aliment avant de laisser partir les fumées. On va donc rehausser la boisinière d’une jupe et utiliser un récipient de taille adapté, de manière à ce que les fumées frappent son fond puis lèchent ses parois. Cette jupe minimise aussi le refroidissement du au vent si on cuisine en extérieur.

L’ergonomie, pour finir cette partie théorique, tient à :

Schéma boisinière

Ces objectifs nous on conduit au compromis suivant :

Foyer perçé

L’entrée du foyer reste en métal pour minimiser la quantité de béton, faciliter le moulage et avoir une résistance aux chocs lors du chargement du bois.

Construction

L’élément le plus technique à fabriquer et le plus cher est le foyer. Une alternative serait de le modeler en terre paille (gratuit, pas de moule). Nous ferons cet essai bientôt mais j’ai un gros doute sur la tenue dans le temps.

En attendant…

Fabrication du moule

Moule pour le foyer

La partie intérieure, le « noyau », est en bois. C’est lui qui forme la partie intérieure et verticale du foyer (le passage des fumées). On peut tenter de le faire extractible après la prise pour pouvoir le réutiliser, pour cela il faut lui donner de la « dépouille », c.a.d. qu’il soit un peu conique.

La partie oblique du foyer est en métal (tube carré de 120x120). Elle sert de moule mais restera prise dans béton pour former l’entrée du foyer, là ou on chargera le bois.

La partie extérieure du moule peu être en OSB mais elle va souffrir et ne pourra pas être réutilisé un grand nombre de fois. Nous avons fait un moule en métal, avec la tôle extérieure d’un ballon d’eau chaude.

Noyau entouré de carton

En haut du noyau il y a un centreur qui vient s’appuyer sur la tôle de la partie extérieure du moule pour que ces 2 éléments soient bien positionné l’un par rapport à l’autre.

Entrée métalique du foyer

Le bas du noyau se glisse dans une encoche du tube en métal, de manière à ce que le noyau puisse être retiré par le haut alors que le tube reste en place.

On enrobe le noyau d’une fine couche de carton bien ajusté, sans quoi l’extraction du noyau sera impossible.

Le montage final des 4 éléments (socle, extérieur, noyau et tuyau métal) doit résister à la pression du béton qui est assez forte (il est environ 4 fois plus lourd que l’eau). Cette pression va repousser les éléments du moule vers le haut. La partie extérieure est donc vissée sur le socle. Il y a un lien entre le tube métal et le noyau et ce lien doit pouvoir être décroché après coulage pour pouvoir retirer le noyau. La chambre à air entre tube métal et le haut du moule permet de maintenir le tube dans la bonne position.

Moule monté

Votre moule sera probablement différent en fonction des matériaux à votre disposition, l’essentiel est de comprendre les grands principes pour improviser convenablement.

Mélange, coulage et démoulage

Le béton (liant + sable + gravier) doit être réfractaire, c.a.d. qu’il doit résister à de hautes températures. Nous achetons un mélange tout prêt chez un fournisseur de fours de boulanger et de matériel pour en fabriquer. Vous pouvez tenter de faire votre mélange vous même avec du ciment « fondu » et de la chamotte mais cette dernière n’est pas facile à trouver.

Quand vous coulez, c.a.d. remplissez le moule, il faut le tapoter pour bien faire descendre le béton et bien remplir tout les espaces.

24h après vous pouvez démouler. Le béton n’est pas encore très solide et il est possible de casser les bavures et les angles en les frottant avec un gant.

Coulage du foyer

Si vous n’arrivez pas à retirer le noyau il reste la possibilité de le brûler quand la boisinière sera entièrement finie, a condition de l’avoir fait creux pour qu’un passage d’air permette la combustion.

Montage de la boisinière

Si vous la montez sur un sol naturel, il faut couper les remontés d’humidité avec une bâche ou un autre matériaux étanche.

Boisinière finie

Un bloc de béton cellulaire peu être utilisé comme support isolant du foyer.

Le réservoir interne d’un ballon d’eau chaude peu être utilisé pour faire l’enveloppe extérieure de la boisinière. La tôle extérieure du ballon, plus fine peu faire aussi l’affaire.

Entre cette enveloppe extérieure et le foyer on rempli avec un isolant résistant à la chaleur. Celui-ci va aussi caler le tout. Vous pouvez acheter de la perlite, de la vermiculite, de la pouzolanne, des billes de verre ou des billes d’argile. Vous pouvez aussi utiliser de la cendre, moins bon isolant mais gratuite. La quantité de cendre nécessaire est importante, demandez à vos amis qui n’ont pas de foyer à haut rendement ;-) Si vous utilisez un isolant qui ne se tasse pas (tous ceux cités sauf la cendre), il peut aussi servir comme support de foyer et évite le recours au bloc de béton cellulaire.

Un fois remplie d’isolant jusqu’en haut du foyer, un tube fait avec la tôle extérieure du ballon d’eau chaude permet de constituer la jupe qui remontera autour des récipients de cuisson.

Un simple mélange terre sable permet de boucher les parties supérieures et de protéger l’isolant.

Marc - Septembre 23

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Demain tu pourras lire un autre article de la Ferme Légère.