Voyage à vélo à la rencontre des écolieux collectifs du sud-ouest

Parcours

Du 6 mars au 8 avril 2014, j’ai visité 30 “écolieux collectifs”, actifs ou potentiels, ou j’ai passé en général une 1/2 journée et une nuit (arrivée dans l’après midi, départ dans la matinée), c’est court pour découvrir un lieu et les personnes qui le font vivre mais j’assume. J’ai privilégié le nombre de lieux plutôt que la profondeur de leur découverte car je voulais voir la diversité de ce qui existe plutôt que d’en “étudier” certains en détail. Sur quels critères d’ailleurs les aurais-je choisi ? Je me suis particulièrement intéressé à 3 aspects :

Pour chaque lieu, j’ai rédigé une rapide description qui essaie de répondre à ces 3 questions.

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Plus d’écolieux potentiels que je n’imaginais

Je m’étais donné un mois et je pensais en trouver une dizaine. 1ère surprise dès la préparation du voyage, le nombre d’endroits à visiter : j’en trouve rapidement plus de 30, via Passerelle-éco, des cartes plus ou moins à jour sur internet, par bouche à oreille.

Parmi ceux que j’ai visité, un à 40 ans d’existence, 3 ou 4 autres ont entre 15 et 10 ans, la majorité ont seulement quelques années ou sont en court de création. Comme j’ai eu peu d’écho de lieux ayant existé et n’existant plus, j’en déduis que les écolieux se développent fortement dans le sud-ouest depuis 5 à 10 ans.

C’est l’Aveyron et le Tarn qui semblent le plus actifs, avec un inter-collectif regroupant une quinzaine de lieu (j’en ai visité 5 sur les 15).

Diversité et tendances

Les lieux sont d’une grande diversité et j’en ai rarement trouvé plusieurs vraiment semblables. Je peux néanmoins dégager les tendances suivantes :

D’autres lieux peuvent être un joyeux mélange de tout ça.

Beaucoup de lieux pourraient et voudraient accueillir de nouvelles personnes mais ne les trouvent pas. Aucun d’entre eux n’est en sur-effectif. Et pourtant beaucoup de personnes cherchent à intégrer un lieu existant.

Je me suis bien amusé à faire cette représentation graphique des lieux visités :

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Difficultés récurrentes

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Accès au foncier : Les cas de réelles propriétés collectives sont rares et sont l’aboutissement d’un processus long (3 à 8 ans) et tortueux, voir douloureux. Dans beaucoup de cas, le lieu est mis à disposition ou loué par un propriétaire unique, parfois via un bail emphytéotique (25 à 99 ans) qui pérennise le lieux, souvent via un montage plus précaire pour les occupants.

Vie du groupe, prise de décisions, gestion des conflits : Un seul lieu sans règles vraiment visibles. Souvent les règles sont définies au fur et à mesure que les problèmes surviennent. A noter l’intervention très appréciée de sociologues ou d’associations spécialisées (Université du nous) pour aider le groupe à mettre en place ses propres outils de régulation.

Intégration des nouveaux : Presque toujours par cooptation, parfois très formalisée, parfois informelle. C’est une difficulté majeure, surtout pour les lieux ayant un propriétaire unique : ces lieux sont marqués par le style de vie, le travail et la vision du propriétaire, ce qui oblige les nouveaux à se couler dans un moule parfois trop rigide.

Ordre et propreté : Garder le lieu propre et beau pour qu’il soit agréable et accueillant n’est pas une tâche facile. Les merdiers de chacun s’ajoutent au stockage de matériel de récup qui pourra peut-être servir un jour, ce qui encombre beaucoup de lieu et rend le ménage difficile voire impossible.

Points communs

Ce que j’ai trouvé sur tous les lieux :

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Très fréquent aussi :

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Singularités

Les lieux présentent aussi des particularités, j’ai noté :

Petit stockage frais dans le sol

Impression générale

Tout ces gens qui s’activent dans des coins souvent paumés ne seraient-ils pas en train de construire, ou tenter de construire, une autre société ? Bien que j’ai peu posé de questions aux personnes rencontrées sur leurs engagements et convictions politiques (ce n’était pas l’objet du voyage), j’ai l’impression que l’idée est largement partagée que la société occidentale est en désagrégation et qu’on y peut rien. Elle est donc laissée à son triste sort, sans volonté de la réformer ni de la révolutionner ; les énergies sont consacrées à la création de quelque chose d’autre et à coté, ce qui n’interdit pas de prendre dans la société actuelle ce qu’elle peut encore donner (rsa, un boulot alimentaire, des routes, des écoles, etc). 2 fois j’ai entendu “Vivons bien, vivons caché”.

Et maintenant ? Et moi ?

Avant ce voyage, j’envisageais, si une occasion se présentait, d’acheter seul et d’ouvrir le lieu. J’ai maintenant de forts doutes sur cette option à cause des difficultés pour les autres personnes à trouver une vraie place sur un lieu dont ils ne sont ni propriétaires ni initiateurs du projet. L’autre grande option, acheter en collectif, présente d’autres difficultés et nécessite beaucoup de temps et de motivation, donc de trouver des gens très motivés et qui ont beaucoup de temps à consacrer au projet. Sur un gros projet collectif en passe de réussir, les participants ont passé une grosse partie de leur vacances ensemble pendant 1 ou 2 ans. J’ai aussi rencontré des gens qui, après une tournée des écolieux similaire à la mienne sont arrivés à la conclusion inverse, ont acheté seul, ont posé le projet et ont ouvert ensuite leur lieu.

La question d’intégrer un lieu existant plutôt que de vouloir en créer un a été présente tout au long de mon voyage. Si je laisse de côté mon souhait de rester en Béarn, je serais prêt à postuler pour tenter l’aventure dans 2 lieux, sur 30 ce n’est pas beaucoup ! Ceci renforce l’idée précédente de ne pas créer un lieu vide en espérant qu’il se remplisse après.

Vélo

Pour ceux que ça intéresse, j’ai fait environ 1 650 km et 16 000 m de dénivelé positif (2 fois l’Everest) par étapes de 5 à 140 km. Elles étaient presque toujours magnifiques car les écolieux sont rarement dans les zones industrielles. Aucune crevaison ni panne et seulement 3 ou 4 jours de pluie ;-)

Le vélo est mode de déplacement dont la vitesse est très adaptée à ce genre de voyage. Suffisamment rapide pour aller sur plein de lieux dans un temps acceptable, suffisamment lent pour apprécier les régions traversées et discuter avec des personnes rencontrées sur la route. Il est aussi une clé pour ouvrir la porte de ces lieux en donnant aux accueillants des indices sur le statut social, l’engagement écologique, le rapport au temps, etc, du cycliste qui vient frapper à leur porte. Il oblige aussi à une simplicité de vie pendant le temps du voyage en limitant la quantité de bagage (pour ma part pas de livre, pas de musique, peu de bouffe, pas de fringues particulière pour sortir ou pour travailler, pas de téléphone), ce qui laisse de la place à la rencontre, de la disponibilité pour la brève relation entre l’accueillant et le cycliste.

Enfin, c’est un mode de voyage très économique, surtout quand il est associé à de l’hébergement gratuit. La seule limitation à la durée du voyage est alors la possibilité de tout laisser tomber pour plusieurs semaines ou plusieurs mois. Personnellement, je n’ai pas la vocation d’un nomade et c’est seulement l’envie de rentrer chez moi et de revoir ma belle qui m’a fait presser les pédales les derniers jours.

Marc - avril 14

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